Kigali annonce la fin des visas pour les voyageurs africains

Le Sommet mondial du voyage et du tourisme s’est tenu à Kigali au Rwanda autour de la thématique d’un avenir durable. Le secteur du tourisme cherche toujours à retrouver son rythme de croisière et à se remettre des conséquences de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19.

Le président rwandais, Paul Kagame, qui utilise depuis des années le tourisme pour promouvoir son pays, a profité de cet événement pour annoncer la suppression des visas de voyage au Rwanda pour tous les Africains.

Circuler librement

Cette décision autorise désormais les Africains à voyager sans visa au Rwanda, qui devient ainsi le quatrième pays africain à supprimer les restrictions de voyage pour les ressortissants du continent. Une mesure qui pourrait stimuler la libre circulation des personnes et des échanges, même si l’impact en terme de volume de voyageurs potentiels reste à être précisé.

Les acteurs du secteur touristique au Rwanda se réjouissent en tout cas déjà de cette nouvelle. C’est le cas de Gauté Plamedie. Il est responsable d’une agence de voyage à Kigali et rappelle que le Rwanda insiste beaucoup sur l’image d’un pays sûr. « L’industrie s’est beaucoup développée comme notre pays a investi sur la sécurité. Les étrangers consomment énormément nos produits. Nous avons beaucoup d’infrastructures et notre sécurité est stable. Notre agence fonctionne bien, nous avons beaucoup de contrats. »

En Afrique, selon les chiffres de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, 60% des touristes sont originaires d’un autre continent. Le secteur du tourisme sur le continent, en 2023, bénéficie donc de la reprise post-Covid-19 avec un chiffre d’affaires estimé à près de 182 milliards de dollars d’ici la fin de l’année, soit une croissance de 5 % par rapport à 2019.

« L’Afrique est magnifique »

Selon un nouveau rapport sur l’état et les perspectives du secteur touristique en Afrique présenté par World Travel and Tourism Council, cette croissance annuelle de 5% devrait se maintenir pendant la prochaine décennie, atteignant en 2033 plus de 300 milliards de dollars de revenus et près de 36 millions d’emplois sur le continent. Selon Louis-Georges Tin, représentant de la diaspora africaine, reconnue par l’Union africaine comme une « sixième région » du continent, ces chiffres pourraient connaître une hausse si le continent était conscient de son potentiel.

« Il y a quelques années, la Banque mondiale disait premièrement que le tourisme deviendrait au 21e siècle la première industrie mondiale, que la zone du monde la moins préparée à cette évolution est l’Afrique, et la zone du monde qui a le plus d’atouts pour se développer en matière touristique est aussi l’Afrique », se souvient Louis-Georges Tin. Il estime que « l’Afrique est magnifique, tout le monde le sait, mais peu de gens s’en rendent compte. Elle doit prendre sa place dans cette économie mondiale et il faut que le tourisme soit un enjeu majeur en Afrique. »

Insécurité et tourisme durable

L’Afrique souffre toutefois de graves problèmes de sécurité, ce qui a un impact négatif sur le secteur touristique, mais Louis-Georges Tin note aussi que « ce patrimoine n’est pas valorisé. Nous même dans l’Etat de la diaspora nous faisons tout pour le valoriser. Par exemple, nous avons lancé une grande campagne pour la restitution du trésor culturel qui se trouve en Allemagne, en Angleterre, en France en Belgique, aux USA… donc il faut que ce trésor revienne, pour qu’il puisse peupler les musées d’Afrique et que les gens puissent venir voir des choses du point de vue du patrimoine culturel. »

Après le sommet qui se referme ce vendredi, plusieurs rapports sont attendus dans les prochains jours. Ils devraient détailler les perspectives du secteur sur le continent dans les prochaines années, mais rendre compte de l’impact environnemental du tourisme et du voyage, responsable, en 2019, selon les organisateurs, de 8,1% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.|