Hama Amadou, une vie de lutte et de résilience au Niger

Hama Amadou

L’ancien Premier ministre du Niger, Hama Amadou, surnommé « le phénix », est décédé de maladie, ce mercredi à l’âge de 74 ans. Né en 1950 à Youri, un village peul situé près de Niamey, Hama Amadou s’est rapidement imposé comme une figure majeure du paysage politique nigérien.

Un destin marqué par l’adversité

De 2000 à 2007, il occupe de nouveau le poste de Premier ministre, consolidant son statut d’homme politique de premier plan. En 2009, Hama Amadou est incarcéré dans une prison de haute sécurité pour des accusations de détournement de fonds, qu’il avait qualifiées de « machination » orchestrée par le président de l’époque, Mamadou Tandja, pour l’écarter de la présidentielle. La justice finira par lui accorder un non-lieu, mais entre-temps, Mamadou Tandja est renversé par un coup d’Etat.

Fondateur du Mouvement démocratique nigérien (Moden) en 2009, il crée la surprise en se ralliant à Mahamadou Issoufou lors du second tour de la présidentielle de 2011, après avoir recueilli près de 20 % des voix au premier tour. Ce soutien décisif permet à Mahamadou Issoufou de remporter l’élection et Hama Amadou est récompensé par la présidence de l’Assemblée nationale, poste qu’il occupe jusqu’en 2014. Toutefois, il quitte la coalition au pouvoir en critiquant l’échec de la formation d’un gouvernement d’union nationale et devient le principal opposant au président Issoufou.

En 2015, il est à nouveau incarcéré après avoir été condamné dans une affaire de trafic de bébés, mais malgré cet emprisonnement et un exil, il parvient à se classer deuxième lors de la présidentielle de 2016, avec près de 18 % des voix, sans avoir pu mener campagne. Après une libération conditionnelle et un nouvel exil, il retourne à Niamey en 2019 pour purger la fin de sa peine. Il est cependant empêché de se présenter à la présidentielle de 2021 contre Mohamed Bazoum, successeur de Mahamadou Issoufou.

Accusé d’être l’un des instigateurs des troubles ayant suivi la proclamation de la victoire de Mohamed Bazoum, il est de nouveau emprisonné avant d’être libéré pour raisons de santé deux mois plus tard et de s’envoler pour la France. Après le coup d’Etat de juillet 2023 qui renversa Mohamed Bazoum, Hama Amadou a fait un retour discret à Niamey, restant en retrait de la scène politique jusqu’à sa mort.