Le procureur de la République auprès du de tribunal de Lomé vient de lancer trois mandats d’arrêt internationaux contre trois barbouzes béninoises pour enlèvement d’un ressortissant béninois Steve Amoussou, réfugié à Lomé pour des raisons politiques.
Les relations troublées entre Lomé et Porto-Novo se sont exacerbées ces derniers jours avec l’enlèvement d’un journaliste béninois réfugié à Lomé depuis des années. Le nommé Steve Amoussou, opposant au président Patrice Talon, se trouvera actuellement dans un lieu de détention à Cotonou.
Les autorités judiciaires togolaises ont procédé à des investigations dont la teneur a été révélée par le procureur de la République, Talaka Mawama. Ce dernier apporte la lumière sur une affaire mystérieuse, car des zones d’ombres entourent toujours le passage de la frontière de Hillacondji au nez et à la barbe de la douane et la police togolaises. Lire le communiqué ci-dessous.
Communiqué du Procureur de la République
« Le lundi 12 août 2024, aux environs de 21h, M. Steve Amoussou de nationalité béninoise a été enlevé à Lomé, au quartier Adidogomé, et conduit vers une destination inconnue par des individus non identifiés.
En effet, alors que le sus-nommé, établi au Togo depuis plusieurs années, est sorti de l’immeuble où il habitait pour une course, il a été appréhendé non loin de là par quatre individus qui, visiblement, y étaient en affût.
De force, ces individus l’ont embarqué dans un véhicule d’immatriculation béninoise, puis ont roulé en direction de la frontière togolaise du côté est. Les autorités policières togolaises ayant été avisées ont aussitôt lancé des recherches qui n’ont pas permis de retrouver les ravisseurs et leurs victimes. Afin de comprendre les circonstances exactes de cet acte, une enquête judiciaire conduite par le Service central de recherche et d’investigation criminelle, a été ouverte.
Des premiers éléments recueillis de cette enquête, il est apparu que l’acte dont il s’agit a été l’œuvre de quatre personnes de nationalité béninoise, aidées par deux autres personnes, dont l’une de nationalité béninoise et l’autre de nationalité togolaise.
Sur les quatre acteurs principaux de nationalité béninoise, trois ont été identifiés ainsi qu’il suit : Gnandao Dini, athlète des arts martiaux MMA et coach au Héviesso MMA, sis à la Haie vive, à Cotonou ; Wanilo Medegan, directeur général de l’Agence nationale de la sécurité et des systèmes d’information et athlète du MMA ; Gbaguidi Todedopo Juan Géraud Alias Jojo, membre du staff et manager de l’artiste béninois Vano Baby.
S’agissant des deux personnes ayant apporté leur concours aux ravisseurs, l’une a été identifiée comme étant Mme Klébo Temitopé Priscilia de nationalité béninoise, esthéticienne établie à Lomé. Celle-ci a été chargée d’œuvrer à l’identification de l’appartement qu’occupait la victime et de l’attirer vers les ravisseurs. Elle a été interpellée dès les premières heures de l’enquête. L’autre, du nom de Télé Ception, est un étudiant de nationalité togolaise, travaillant occasionnellement comme conducteur de moto-taxi à Lomé.
Ce dernier a assuré, en toute connaissance de cause, le service de transport de l’un des acteurs de l’enlèvement le dimanche 11 et le lundi 12 août 2024. Arrêté quelques jours après le rapt, la perquisition de son lieu d’habitation a conduit à la découverte d’une paire de menottes qu’il dit appartenir au ravisseur. Les investigations ont par ailleurs renseigné que les quatre béninois étaient entrés en terre togolaise depuis le samedi 10 août 2024 et ont eu le temps de faire les repérages nécessaires à leur opération. Ces faits commis sur le territoire togolais, en violation flagrante du droit international et des règles en matière de coopération pénale internationale, s’analyse en l’incrimination d’enlèvement ou séquestration au sens des articles 283 et 284 du nouveau code pénal.
Ceci a justifié et commandé une enquête judiciaire à l’issue de laquelle dame Klebo Témitopé Priscillia et Monsieur Téléception ont été présentés au parquet de grande instance de Lomé le 23 août 2024.
L’enquête préliminaire et l’interrogatoire des deux suspects au parquet ont mis en évidence des éléments à charge quant à leur concours à la commission des faits susvisés.
Les deux suspects ont été aussitôt inculpés de complicité de cette infraction par un juge d’instruction, puis mis sous mandat de dépôt. Les autres personnes ayant agi comme acteurs principaux dans les faits dont il s’agit ont été également visés par l’information judiciaire ainsi ouverte. A l’encontre de celle-ci, des mandats d’arrêt ont été requis. »