Plus de 60.000 cas suspects sont déjà enregistrés, parmi lesquels des enfants. Les spécialistes alertent sur le nombre croissant de morts.
Les districts sanitaires des deux grandes villes sont pleins, malgré les efforts pour déployer des dispositifs de prise en charge.
Maudit moustique tigre
C’est la piqûre du moustique tigre qui est aujourd’hui à l’origine de l’épidémie de dengue au Burkina Faso. Ouagadougou et Bobo Dioulasso sont les deux foyers épidémiques avec plus de 60.000 cas suspects et déjà plus de 200 morts.
Dans ce district sanitaire que nous ne nommerons pas, Idrissa Ouédraogo était ce matin sous perfusion, sans assistance, derrière l’hôpital. Il frissonnait avec sa perfusion à main. Dans les couloirs de l’hôpital, des enfants et adultes malades sont couchés à même le sol. Idrissa a des difficultés respiratoires. Il nous explique son mal avec peine : « Vraiment c’est compliqué, dit-il. Ils ont fait le test, ils ont dit que c’est le palu dengue. Je suis là depuis hier nuit et ils m’ont mis sous perfusion, maintenant, c’est mon ventre qui me fait mal. A part ça, je frissonne. Tout mon corps me fait mal. »
Cette dame, qui veut garder l’anonymat, explique avoir perdu ses proches à cause de l’épidémie de dengue : « Dans notre famille, il y a eu beaucoup de cas de dengue. Sincèrement ça fait beaucoup de mal aux familles. Au moins quatre personnes sont décédées chez nous. Il faut trouver une solution au problème. Et le problème, c’est que les enfants aussi sont exposés à l’épidémie de dengue. Imaginez-vous votre enfant qui a mal à la tête et à la minute, il commence à saigner du nez. Ce n’est pas simple. »
Les statistiques sont mauvaises
Fin octobre, les spécialistes ont affirmé constater une légère tendance à la baisse. Mais des inquiétudes subsistent à cause du nombre des cas de décès. Ahmed Sidwaya Ouédraogo, directeur de la protection de la santé de la population, dépeint une situation épidémiologique tragique.
« Au Burkina, déclare le médecin à la DW, nous avons une situation épidémiologique qui est marquée par une flambée de cas de dengue avec deux foyers épidémiologiques, la région du centre avec une concentration du cas à Ouagadougou et nous avons à ce jour 48 956 cas suspects et 23 523 cas probables. Entendez par cas probables des cas qui ont bénéficié de tests de diagnostique rapide et dont les résultats sont positifs. »
« Et nous avons 136 décès, poursuit Ahmed Sidwaya Ouédraogo ; c’est le foyer le plus atteint actuellement. Nous avons un second foyer qui est Bobo Dioulasso où l’épidémie s’est déclarée depuis le début du mois de septembre avec autour de 7 750 cas probables avec 28 décès donc globalement nous avons une épidémie qui bat son plein qui a des chiffres en pleine augmentation. Ce qui nous inquiète c’est vraiment les cas de décès et ces décès sont localisés particulièrement à Ouagadougou et à Bobo Dioulasso. »
Améliorer les conditions de vie
Le docteur Sidwaya conseille d' »assainir le cadre de vie » pour éviter le développement des moustiques :
« Tant qu’il y a des récipients et des touffes de fleurs qui permettent à ces moustique de se développer, des canalisations mal curées et des eaux qui stagnent dans les grandes canalisations sans que nous puisons les évacuer, on aura le développement des moustiques et ces moustiques transmettent la dengue. »
Stop à l’auto-médication !
L’auto-médication est aussi déconseillée par les spécialistes parce qu’ils ont constaté que des patients ayant consommé le jus des feuilles de la papaye souffrent d’insuffisances rénales.
L’épidémie de dengue est une maladie fébrile aigue qui se manifeste par des maux de tête (céphalées) et des hémorragies.
Selon l’OMS, environ la moitié de la population mondiale est aujourd’hui exposée au risque de dengue. Un second vaccin pour les enfants de 6 à 16 ans contre la dengue serait disponible, toujours selon l’OMS. Mais pour le moment, il n’existe pas de traitement spécifique.
En 2021, la dengue a causé 619.000 morts dans le monde.