Jean Paul II : Les 15 derniers jours d’un pape rendu muet par la maladie

Jean Paul II

Mort le soir du 2 avril 2005, Jean Paul II a passé les 15 derniers jours de son existence sans pouvoir, ou presque, communiquer avec les fidèles. Opéré d’une trachéotomie le 24 février précédent, il était retourné au Vatican le 13 mars pour y vivre ses derniers jours.

Revenu dans ses appartements au Vatican, Jean Paul II était apparu pour la première fois aux fidèles le 16 mars 2005, jour traditionnel d’audience générale hebdomadaire. Mais il était resté silencieux à la fenêtre de son bureau du palais apostolique. Devant les caméras du Centre de télévision du Vatican (CTV), il s’était alors contenté de saluer à plusieurs reprises les pèlerins et de les bénir d’un ample signe de croix.

Le 20 mars, pour la première fois depuis le début de son pontificat, Jean Paul II n’avait pas présidé la messe des Rameaux au début de la semaine sainte. C’est le cardinal Camillo Ruini, vicaire du diocèse de Rome, qui le remplaçait. Au terme de la messe, le substitut de la Secrétairerie d’Etat, Mgr Leonardo Sandri, avait affirmé que le pape suivait la célébration à la télévision et qu’il l’avait chargé de lire son message. Puis, le cardinal Camillo Ruini avait récité la prière de l’Angélus et Jean Paul II était alors apparu très brièvement à sa fenêtre, le visage marqué par la souffrance. Silencieux, il avait salué les fidèles et les avait bénis avec une branche d’olivier.

Le 24 mars au matin, le pape polonais n’avait pas pu participer à la messe chrismale présidée en son nom par le cardinal Giovanni Battista Re. Le soir même c’est le cardinal Alfonso Lopez Trujillo qui présidait la messe de la dernière Cène et avait lu un message du pape au début de la cérémonie. «Par l’esprit et par le coeur, je suis proche de vous», avait alors écrit Jean Paul II aux fidèles.

Le vendredi saint, 25 mars, le pape n’avait pas pu confesser quelques fidèles comme il le faisait chaque année dans la basilique Saint-Pierre, ni présider la célébration de la Passion. Le soir, les fidèles réunis au Colisée pour le traditionnel chemin de croix avaient pu voir le souverain pontife à plusieurs reprises sur des écrans géants, installé de dos et silencieux devant un écran de télévision, dans sa chapelle privée au Vatican. Pour la première fois, il ne participait pas physiquement à une ’Via Crucis’, présidée par le cardinal Camillo Ruini.

C’est à nouveau devant sa télévision que Jean Paul II avait suivi, dans la soirée du 26 mars, la vigile pascale célébrée en son nom dans la basilique Saint-Pierre par le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. «Grâce à la télévision, je peux suivre depuis mon appartement la veillée pascale», avait alors écrit le pape dans un message lu au début de la cérémonie. Le jour de la fête solennelle de Pâques, le 27 mars, Jean Paul II était apparu devant la foule des fidèles massés sur la place Saint-Pierre. Au terme de la messe célébrée par le cardinal secrétaire d’Etat Angelo Sodano, il était resté près de quinze minutes en plein vent à la fenêtre de ses appartements. Mais contrairement à ses voeux, il avait été dans l’incapacité de prononcer un seul mot, y compris la célèbre bénédiction Urbi et Orbi (à la ville et au monde), semant émotion et inquiétude chez les fidèles.

Pour la première fois il ne se présente pas à la prière du Regina Caeli

Le 28 mars, lundi de Pâques, alors que plus d’un millier de pèlerins l’attendaient sous ses fenêtres, place Saint-Pierre, le pape de 84 ans ne s’était pas présenté à l’heure de la prière du Regina Caeli.

Lors de l’audience générale du 30 mars, les fidèles apercevaient le pape pour la dernière fois. Malgré tous ses efforts pour essayer de s’adresser à la foule, Jean Paul II n’y était pas parvenu. Le même jour, après un long silence du directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, Joaquin Navarro-Valls annonçait la pose d’une sonde naso-gastrique pour permettre au pape de s’alimenter et de reprendre des forces.

Puis, dans la soirée du 31 mars, il rapportait qu’une septicémie s’était déclarée avec un arrêt cardiaque. Le lendemain matin à l’aube, il affirmait que les conditions de santé du pape s’étaient aggravées. Le 1er avril, en tout début de matinée, le Saint-Siège qualifiait de «critiques» les conditions de santé du pape. Le soir même, Joaquin Navarro-Valls affirmait que ses paramètres biologiques étaient «compromis de façon notable». Son état de santé ne cessa de s’aggraver au fil de la journée du samedi 2 avril, alors que des milliers de fidèles priaient pour lui jour et nuit sous ses fenêtres, place Saint-Pierre. Un peu avant 22h, le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, Joaquin Navarro-Valls, annonçait que Jean Paul II était mort à 21h37 dans ses appartements privés