Kinshasa accueillera en juillet 2025 le 22e forum de l’African Growth and Opportunities Act. Une véritable aubaine pour la République démocratique du Congo, même si les défis à surmonter pour en profiter pleinement restent nombreux.
La République démocratique du Congo a obtenu l’organisation, en juillet 2025, du forum de l’African Growth and Opportunities Act (Agoa). Lancé en 2000, ce programme permet à une trentaine des pays d’Afrique subsaharienne éligibles d’obtenir des exemptions tarifaires et douanières sur plus 6 500 produits exportés vers les États-Unis.
Loin des ravages des conflits armés
En 2022, la RDC a ainsi exporté vers les États-Unis plusieurs produits, notamment le cuivre raffiné et les fèves de cacao, pour une valeur estimée à 181 millions de dollars, selon The Observatory of Economic Complexity, une plateforme de diffusion de données économiques. Le volume annuel des échanges avec les États-Unis représente à peine 0,15 % de l’ensemble des exportations congolaises, contre 50 % pour la Chine.
Conçu pour faciliter le dialogue et les échanges entre les États-Unis et les pays africains dans le cadre de l’Agoa, ce forum ouvrirait la voie à de nombreuses opportunités commerciales en RDC, et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, la tenue de ces assises à Kinshasa marquerait la volonté du pays de s’engager fermement dans le commerce mondial, régional et sous-régional. En effet, elle offrirait de la visibilité aux potentialités économiques et commerciales dont il regorge, loin de l’image d’un pays ravagé par les conflits armés dans ses régions orientales.
De même, cet événement renforcerait l’intégration économique régionale de la RDC, qui est stratégiquement située au carrefour de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique centrale, faisant d’elle une actrice incontournable des réseaux commerciaux régionaux. D’ailleurs, le ministre congolais du Commerce extérieur, Julien Paluku, avait récemment déclaré qu’à travers le forum de l’Agoa, la RDC démontrera qu’elle est « un pôle attractif pour le commerce et l’investissement ».
Un outil de diplomatie économique
Nul besoin de préciser que ce forum servira également « d’outil de diplomatie économique » pour la RDC. En effet, les interactions directes avec les principaux chefs d’entreprise et des décideurs politiques américains permettront à Kinshasa de baliser le terrain pour les investisseurs américains prêts à intervenir dans des secteurs comme les mines, l’agriculture, les énergies renouvelables et le tourisme. Ces interactions devraient aussi plaider en faveur d’un soutien technique américain accru.
En contrepartie, les entreprises congolaises auront un accès facilé au marché américain et pourront diversifier davantage leurs partenariats commerciaux, ce qui leur permettra de réduire leur dépendance à leurs marchés d’exportation traditionnels, en l’occurrence la Chine.
Les opportunités commerciales que pourrait offrir l’accueil du forum de l’Agoa sont donc évidentes. Les autorités congolaises devront néanmoins surmonter nombre d’obstacles pour tirer avantage de cet évènement. Premièrement, la gestion des déchets et des ordures dans la ville de Kinshasa, qui est un casse-tête pour les autorités. Il serait indélicat d’accueillir les investisseurs étrangers dans un tel environnement insalubre. Ensuite, la construction, dans les délais, des nombreuses infrastructures indispensables à la manifestation. Souvenons-nous du report des Jeux de la Francophonie à cause des retards accumulés dans la réalisation des travaux de construction des stades.
Renforcer la lutte contre la corruption
L’autre défi à relever sera celui de l’information. En délivrer le plus possible sur les opportunités d’investissement en RDC et sur les réformes économiques opérées par le gouvernement. Reste enfin la question de la corruption. Une lutte est engagée mais malgré les progrès accomplis, beaucoup reste encore à faire en la matière pour attirer les investisseurs.
Les autorités congolaises doivent se donner les moyens de relever ces défis au regard des enjeux commerciaux et économiques du forum. Elles réfléchissent à la mise en place d’un comité national d’organisation, qui ne sera pas de trop.