Le principal parti d’opposition zimbabwéen, la Coalition des citoyens pour le changement (CCC), a perdu 18 nouveaux sièges parlementaires de façon ubuesque, après qu’un imposteur a annoncé au Parlement qu’ils avaient quitté le parti, entraînant la perte de leurs sièges.
« C’est absurde et lamentable. Je suis le chef de file de l’opposition à l’Assemblée, toute communication de mon parti doit passer par moi », a réagi Amos Chibaya devant la presse peu après que le président du Parlement a confirmé son rappel ainsi que celui de 12 autres députés.
Cinq sénateurs ont également été écartés de leurs sièges.
Début octobre, un certain Sengezo Tshabangu se présentant comme le « secrétaire général par intérim » de la CCC, avait adressé un courrier au Parlement affirmant que 15 députés élus avaient quitté le parti.
Le chef de la CCC, Nelson Chamisa, avait alors demandé qu’il ne soit pas tenu compte de cette lettre truffée de fautes, expliquant que l’auteur n’était pas membre du parti d’opposition et qu’aucun élu n’avait quitté les rangs. Le Parlement avait néanmoins déclaré ces postes vacants.
Le même scénario s’est répété cette semaine. « Ce Tshabangu n’est pas membre de la CCC et n’a aucune autorité pour rappeler des membres du parti », a encore tempêté Amos Chibaya.
Ces rappels ont ouvert la voie à des élections partielles, prévues le 9 décembre, pour combler les vacances créées par le rappel du premier groupe. Elles pourraient offrir sur un plateau une majorité des deux tiers du Parlement – nécessaire pour amender la Constitution – au parti au pouvoir, la Zanu-PF, victorieuse en août d’élections contestées.
Des ONG de la société civile craignent que cette situation n’entraîne des violences.
« Les ressources des contribuables sont gaspillées pour des élections insensées », a notamment affirmé à l’AFP Obert Masaraure, porte-parole de la Crisis in Zimbabwe Coalition. « La CCC a réussi à rester calme face à l’assaut du parti au pouvoir, mais ça va être difficile de retenir les citoyens ordinaires ».
La ZANU-PF, au pouvoir depuis l’indépendance en 1980, est accusée de mener une vaste campagne d’intimidation de la CCC.
Le week-end dernier, un militant du parti qui faisait campagne pour les élections partielles a été enlevé et retrouvé mort. Fin octobre et début novembre, la CCC avait annoncé qu’un de ses députés et un ancien député avaient été enlevés, torturés puis retrouvé nu et blessé pour le premier, le crâne rasé pour le second.