Togo : 2 journalistes emprisonnés pour « diffamation » envers un ministre

Deux journalistes au Togo ont été mis en examen et écroués mercredi à Lomé, accusés de « diffamation » après avoir affirmé sur les réseaux sociaux qu’un ministre s’était fait voler l’équivalent de 600 000 euros à son domicile, ont indiqué leurs proches.

Loïc Lawson, directeur de publication du journal Flambeau des Démocrates, et Anani Sossou, journaliste indépendant, avaient été placés lundi en garde à vue.

Ils sont poursuivis pour « diffamation et atteinte à l’honneur du ministre et incitation à la révolte », pour avoir affirmé sur les réseaux sociaux que le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Réforme foncière, Kodjo Adedze, s’était fait voler 400 millions FCFA (604 875 euros) à son domicile.

Le ministre, qui avait bien déclaré un cambriolage auprès de la police sans que le montant soit rendu public, avait porté plainte contre eux. Les journalistes étaient revenus lundi sur leurs affirmations en expliquant sur Facebook que des « investigations poussées » avaient montré que « le montant communiqué était surestimé et n’atteindrait pas la somme de 400 millions de FCFA ».

« Les deux journalistes ont été déposés à la prison (de Lomé) mercredi aux environs de 10 h. Ils sont passés devant le premier substitut mardi soir, qui les a auditionnés pendant une trentaine de minutes, avant de les renvoyer vers le juge d’instruction qui leur a décerné le mandat de dépôt », a déclaré à l’AFP Magloire Têko Kinvi, rédacteur en chef du Flambeau des Démocrates.

L’organisation de défense des droits des journalistes, Reporters sans frontières, a appelé dans un message publié sur X (ex-Twitter), à leur libération immédiate. Tout comme l’Union internationale de la presse francophone (UPF) qui a exigé la « libération » des deux journalistes dans un communiqué publié mardi. Loïc Lawson est président de la section togolaise de l’union de la presse francophone (UPF-Togo).

L’UPF a appelé les autorités à leur « garantir un traitement équitable et transparent » dans le respect de la « liberté de la presse » et « du droit à l’information ». Au Togo, les réseaux sociaux sont exclus du champ d’application de la loi relative au code de la presse et de la communication entré en vigueur cette année. En cas d’infraction, les poursuites s’appuient sur le code pénal.

En mars dernier, deux journalistes togolais avaient été condamnés par contumace à trois ans de prison ferme par le tribunal de grande instance de Lomé notamment pour « outrage à l’autorité » et « propagation de propos mensongers sur les réseaux sociaux », à la suite de plaintes de deux ministres, dont M. Adedze.