Le Gabon s’engage dans une nouvelle phase de développement de son secteur pétrolier, avec la reprise annoncée de l’exploration en offshore profond, en partenariat avec le géant américain ExxonMobil. Après plusieurs années de déclin de la production et face à un potentiel largement sous-exploité, le gouvernement gabonais mise sur une stratégie ambitieuse de revitalisation pour consolider les recettes publiques et repositionner le pays comme un acteur majeur de l’industrie pétrolière africaine.
Un protocole d’accord stratégique avec ExxonMobil
Le ministre du Pétrole et du Gaz, Sosthène Nguema Nguema, et Richard Barke, directeur du Groupe Exploration Atlantique Sud d’ExxonMobil, ont signé à Libreville un Mémorandum d’Entente (MoU) marquant le retour du groupe américain dans le pays, près de vingt ans après son retrait en 2006. Cet accord porte sur l’exploration de blocs offshore profonds et très profonds, encore peu étudiés du bassin sédimentaire gabonais.
Selon les deux parties, il s’agit d’une étape décisive vers la reprise de l’exploration intensive et le développement de nouveaux gisements dans un horizon de deux à trois ans. Le protocole inclut des engagements en matière de transparence, de responsabilité environnementale et de coopération technique, tout en mettant l’accent sur la formation et le renforcement des capacités locales.
Un partenariat symbole de confiance retrouvée
Lors de la signature de l’accord, le ministre Nguema Nguema a salué « l’arrivée d’un partenaire de confiance reconnu pour son expertise dans l’exploration en offshore profond », soulignant que cet engagement s’inscrit « dans la vision du président Brice Clotaire Oligui Nguema, qui place le partenariat public-privé au cœur de la transformation économique du Gabon ».
De son côté, Richard Barke a réaffirmé l’engagement d’ExxonMobil à long terme : « Notre expérience est cruciale pour le développement de nouvelles ressources. Nous sommes déterminés à accompagner le Gabon dans cette nouvelle ère énergétique, à travers des investissements durables, la création d’emplois et la transmission de compétences. »
Ce retour d’ExxonMobil illustre le regain d’attractivité du Gabon auprès des investisseurs étrangers, après plusieurs années de relative stagnation du secteur. Il pourrait également servir de catalyseur à d’autres partenariats stratégiques, notamment dans le gaz et les énergies renouvelables, domaines où le gouvernement ambitionne de diversifier la matrice énergétique nationale.
Un potentiel pétrolier encore largement inexploité
En septembre 2025, le ministre du Pétrole révélait que seulement 27,5 % du domaine pétrolier gabonais étaient actuellement attribués à l’exploitation active, laissant près de 72 % du territoire inexploré, en grande partie en offshore profond et ultra-profond.
Cette sous-exploitation s’explique par des décennies de faible investissement en exploration et par la complexité technologique du forage en eaux profondes. Cependant, les avancées récentes dans les techniques de forage sous-marin et la hausse du prix du brut rendent désormais ces zones économiquement viables.
« Notre politique vise à intensifier la recherche sur l’offshore profond et ultra-profond, afin d’avoir une connaissance complète de notre potentiel pétrolier », a expliqué Sosthène Nguema Nguema lors de la conférence Africa Energy Week 2025, au Cap, où le Gabon a suscité un fort intérêt parmi les majors internationales.
Relancer la production et l’emploi national
Le déclin de la production pétrolière, amorcé à la fin des années 1990, constitue un enjeu majeur pour l’économie nationale. En 1999, le Gabon figurait parmi les grands producteurs africains de brut, mais la production a chuté à environ 230 000 barils par jour en 2024, en raison de l’épuisement progressif des champs historiques et d’un manque d’exploration.
Le gouvernement espère inverser cette tendance en attirant de nouveaux capitaux et en mettant en production de nouveaux gisements dans un délai de deux à trois ans. Cette relance devrait permettre non seulement d’accroître les recettes publiques, mais aussi de stimuler l’emploi local, de moderniser les infrastructures pétrolières et de favoriser la transformation locale à travers le développement du raffinage et de la pétrochimie.
Le ministre du Pétrole a précisé que cette politique s’accompagnera d’un renforcement de la gouvernance environnementale, avec des clauses strictes dans les contrats d’exploitation afin de garantir le respect des standards internationaux.
Une stratégie alignée sur la transition énergétique
Cette relance s’inscrit dans un contexte mondial de transition énergétique, marqué par la nécessité pour les États producteurs de diversifier leurs sources de revenus et de réduire leur dépendance aux hydrocarbures. Libreville entend concilier croissance économique et responsabilité environnementale, en favorisant des projets d’exploration à empreinte carbone maîtrisée et en investissant parallèlement dans les énergies renouvelables.
Le gouvernement souligne également sa volonté d’utiliser les revenus issus du pétrole pour financer la diversification de l’économie, notamment dans l’agriculture, les services et les industries de transformation.
Un horizon à moyen terme et des défis à relever
Le plan gouvernemental fixe un horizon de deux à trois ans pour le démarrage effectif des nouveaux projets issus de cette campagne d’exploration. Cet objectif reflète la priorité donnée au secteur énergétique dans la politique économique du président Oligui Nguema, qui voit dans le pétrole un levier de stabilisation et de croissance.
Cependant, le succès de cette relance dépendra de plusieurs facteurs déterminants : la stabilité politique, la fluctuation des cours du brut, la capacité du pays à attirer et retenir les investisseurs, ainsi que le respect des normes environnementales et sociales.
Le Gabon devra donc maintenir un équilibre délicat entre exploitation responsable de ses ressources et préparation d’une économie post-pétrole. Pour Libreville, cette relance pétrolière représente un pari sur l’avenir, à la croisée du développement économique, de la souveraineté énergétique et de la transition écologique.








