Gabon/Séraphin Moundounga au CESE : Balle perdue pour le général ?

Séraphin Moundounga

Entre inconstance, indiscipline, manque de loyauté et de fidélité de cet ancien collaborateur d’Ali Bongo fraîchement rentré d’exil, sa nomination au Conseil économique et social questionne et interroge d’autant plus que le président de la Transition aura besoin de personnes à la loyauté éprouvée. Quand on sait, comme le dit la maxime populaire, que celui qui a trahi trahira encore, difficile d’accorder à cet homme dont l’indiscrétion fait l’unanimité, un blanc-seing en cette période sensible. Décryptage.

 

D’un point de vue politique, le retour de Séraphin Moundounga au Gabon, ancien ministre démissionnaire de la Justice d’Ali Bongo Ondimba, épouse parfaitement la philosophie du président de la Transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, et surtout l’un des axes tracés au gouvernement de Ndong Sima. En effet, celui-ci avait reçu mission de réfléchir «sans délai» aux mécanismes devant être mis en place afin de faciliter le retour au pays de tous les exilés politiques. Car, «le temps où l’on emprisonnait des personnalités pour leurs idées est révolu ».

Le Général Brice Clotaire Oligui Nguema avait aussi appelé  au retour de toutes les intelligences éparpillées de par le monde afin qu’elles apportent leur touche à la refondation et la restauration de l’Etat. Pour cela, les prisonniers d’opinions qui croupissent dans les geôles gabonaises du fait du déni de liberté de l’ancien régime, devaient être amnistiés.

Ainsi donc, au-delà de l’apaisement et du rassemblement des fils et filles du pays autour de la construction du pays, la nomination de Séraphin Moundounga au Conseil économique, social et environnemental interroge. Quand on se souvient de la réaction qu’il a eue au sortir de l’élection présidentielle de 2016 avant que les résultats ne soient connus, il est curieux de lui accorder aussi facilement la confiance du président de la Transition. Sa proximité avec l’ex-président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama, a certainement rassuré l’entourage du général à lui faire confiance et à le propulser au sommet de cette institution, au moment où le pays a besoin de fils dévoués, fidèles, à la loyauté aboutie.

Guy Nzouba-Ndama, président de l'Assemblée nationale de janvier 1997 à mars 2016
Guy Nzouba-Ndama, président de l’Assemblée nationale de janvier 1997 à mars 2016

Seulement, le schisme créé par Séraphin Moundounga lors de la présidentielle 2016, qui a vu la réélection dans la douleur d’Ali Bongo Ondimba suite à ses déclarations sur les doutes et incertitudes d’intégrité de ce scrutin, ne va-t-il pas se répéter, au risque de se poursuivre ? Toutes choses qui font craindre une reconduction tacite du mépris qu’affiche cet ancien ministre dont des doutes émergent sur sa loyauté, sa fidélité, son engagement et son patriotisme  à l’endroit des orientations fixées par le chef de l’Etat dans le cadre des grands rendez-vous de la Transition.

Car, pour le choix de ses collaborateurs, « des critères d’engagement, de dévouement, de loyalisme, d’expérience et de disponibilité » sont requises. Le président qui attache du prix à la stricte application et à l’observation scrupuleuse des dispositions de la Transition n’entend pas voir prospérer à ses côtés des traîtres prêts à tout pour un strapontin ou pour se réaliser politiquement. Tout juste, ne va-t-il pas, comme à son habitude, déchirer les directives présidentielles sur la loyauté et la fidélité pour appliquer les dispositions de son agenda personnel fait de trahison, clientélisme et déstabilisation ? Les manœuvres mercantilistes dénoncées lors de la présidentielle de 2016 et dont les conséquences ont été livrées par le courroux de la rue qui a vu nombre d’enfants du Gabon passer de vie à trépas vont certainement  encore prospérer.  Dans sa logique de décapitation des grosses pointures du pays, le président du CESE continuera certainement de s’employer à ruiner le capital si chèrement acquis par le président de la Transition si ce dernier n’y prend garde durant ces derniers mois jalonnés de combats épiques et âpres.

 

Séraphin Moundounga reçu en audience par le Général Oligui Nguema

 

Intriguant et manœuvrier consommé, Séraphin Moundounga, de l’avis de nombre de cadres du PDG, est la plus éminente médiocrité qui soit arrivée à l’histoire de cette formation. Car, à mesure que se révélaient ses accointances avec l’ennemi, le filleul de Guy Nzouba Ndama utilise à l’envi la manœuvre et le chantage pour user les résistances de ses amis d’hier tant dans sa région d’origine que sur l’ensemble du territoire. Il ne serait pas surprenant que la Transition perde la face, tant l’image du Président s’en trouvera ternie du fait de ses manœuvres et de son indiscipline.

Habité par un sentiment de sécurité que confirme la confiance placée en lui par le chef de l’Etat, l’on espère qu’il n’en profitera pas pour entretenir une posture ambiguë.

En espérant que sa loyauté et sa fidélité ont été suffisamment éprouvées et qu’il a donné des gages d’un engagement irrévocable dans l’accomplissement de ses missions, il ne reste qu’à lui souhaiter de servir la patrie avec foi, détermination et engagement. Affaire à suivre.

Mari-Fernand AKPOVI