Les Ivoiriens ont voté samedi 25 octobre 2025 dans le calme pour élire leur président de la République, à l’issue d’une campagne tendue mais sans débordement majeur le jour du scrutin. Malgré cette atmosphère apaisée, la participation est restée faible dans plusieurs régions du pays, notamment au sud et à l’ouest, en raison d’un désintérêt d’une partie de l’électorat et de l’absence des principales figures de l’opposition.
Près de 8,7 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour désigner le chef de l’État, parmi cinq candidats : le président sortant Alassane Ouattara, Simone Éhivet Gbagbo, Jean-Louis Billon, Ahoua Don Mello et Henriette Lagou Adjoua. Le vote s’est déroulé de 8 heures à 18 heures dans 25 678 bureaux à travers le pays et dans les représentations diplomatiques à l’étranger, selon la Commission électorale indépendante (CEI).
À Abidjan, la capitale économique, le scrutin s’est déroulé dans une atmosphère calme, mais la participation est restée timide. Plusieurs bureaux visités par les observateurs et les journalistes n’ont pas dépassé les 25 % de votants. « Je n’ai pas voté, mon candidat est exclu. Ouattara est déjà élu », explique Olivier, étudiant de 26 ans rencontré dans le quartier populaire de Blockhaus. Dans le centre du pays, à Bouaké, l’affluence était plus marquée. « C’est la première fois que je vote et je suis content de pouvoir exprimer mon choix. C’est l’avenir de la jeunesse qui se joue aussi », confie Ben Koné, un jeune électeur venu accomplir son devoir citoyen.
Dans le nord du pays, bastion du président sortant, la mobilisation a été forte. À Sinématiali, Kagbolodougou, Bahouakaha et Sédiogo, les populations sont sorties massivement dès l’ouverture des bureaux de vote. Le préfet du département, Gilbert Gueu, s’est dit satisfait du bon déroulement du scrutin, soulignant la discipline et l’enthousiasme des électeurs. Même satisfaction du côté du président du Conseil régional du Poro, Fidèle Gboroton Sarassoro, qui a salué une participation « remarquable » dans la région.
Pour garantir la sécurité du scrutin, plus de 44 000 policiers, gendarmes et militaires ont été déployés sur l’ensemble du territoire. Ce dispositif visait à éviter tout incident après une campagne émaillée de manifestations interdites, qui ont fait au moins deux morts, une trentaine de blessés et plus de 1 000 interpellations. Selon le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), quelques incidents isolés ont néanmoins été signalés, notamment des vols de matériel électoral dans certaines localités du sud et de l’ouest, dont Mama, le village natal de Laurent Gbagbo. C’est à Lopou, près de Dabou, que les tensions ont été les plus vives, avec des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. « Ce quatrième mandat, on n’en veut pas », criait une habitante, reprenant le slogan des opposants.
La CEI, par la voix de son président Ibrahime Kuibiert Coulibaly, a assuré à la mi-journée que « tout se passe très bien » et qualifié les incidents de « marginaux ». Vendredi soir, il avait appelé les Ivoiriens à voter « dans la discipline, le calme et la non-violence », tout en invitant les candidats à faire preuve de retenue et de responsabilité. « Je ne doute pas que le scrutin du 25 octobre 2025 se déroulera dans le calme et contribuera à renforcer notre démocratie », avait-il déclaré.
Le président Alassane Ouattara, qui a voté dans la matinée à Abidjan, s’est félicité du bon déroulement du processus électoral, affirmant que « la paix est revenue en Côte d’Ivoire ». De nombreux observateurs internationaux, notamment ceux de la CEDEAO et de l’Union africaine, ont été déployés pour suivre le déroulement du vote sur le terrain.
Cependant, l’absence de candidats de premier plan dans l’opposition a contribué à réduire l’intérêt du scrutin. Les candidatures de l’ancien président Laurent Gbagbo et de l’ex-banquier international Tidjane Thiam ont été invalidées par le Conseil constitutionnel, respectivement pour une condamnation pénale et des problèmes de nationalité. En conséquence, de nombreux électeurs de l’opposition ont préféré boycotter le vote. Tout au long du mois d’octobre, les formations politiques proches de Gbagbo et de Thiam ont tenté de mobiliser leurs militants en dénonçant un « coup d’État civil » et un « braquage électoral ». Ces appels à manifester ont été réprimés par les autorités, qui ont interdit les rassemblements pour « protéger le pays du désordre ».
Dans ce contexte, plusieurs analystes estiment que le scrutin n’avait que peu d’enjeu réel, le président sortant bénéficiant d’un appareil d’État puissant et d’un bilan économique largement salué, bien que la population continue de se plaindre de la cherté de la vie et d’une croissance jugée inégalement répartie.
La Commission électorale indépendante doit annoncer les premiers résultats provisoires à partir de dimanche. Les autorités électorales ont salué la maturité politique des électeurs et la bonne tenue du scrutin, considéré comme une étape importante dans la consolidation du processus démocratique en Côte d’Ivoire.








