La Russie continue d’enrôler des soldats africains, notamment en Centrafrique, pour combattre à ses côtés en Ukraine. Mais pour les familles dont les enfants sont morts en Ukraine, il est très difficile d’obtenir des compensations.
Diogène Ange Ngamana a un frère qui est mort sur le front russe en Ukraine. Il raconte la situation absurde que sa famille doit affronter et comment son seul interlocuteur est Loïc Ouangapo, un employé de l’ambassade centrafricaine en Russie.
« Jusqu’alors, c’est Loïc qui nous donnait des informations par rapport au décès. Il nous fournissait des papiers pour l’indemnité. Il nous a remis un képi et un drapeau donné, soi-disant, par la Russie pour la famille. Par rapport aux indemnités, ils nous ont remis un papier comme quoi la femme et les deux enfants du défunt doivent aller en Russie et obtenir la nationalité russe, afin de toucher les indemnités. Il y a eu des erreurs de sa part parce que les dossiers qu’il nous a fournis sont faux« , explique-t-il.
Un cas loin d’être isolé
De nombreux autres jeunes Centrafricains se sont enrôlés dans l’armée russe par l’intermédiaire de l’ambassade à Moscou. En contrepartie de leur engagement, ils perçoivent un salaire de plus de deux millions de francs CFA par mois, soit environ 3 000 euros. C’est moins que ce que touchent les soldats russes, mais c’est beaucoup d’argent pour un Centrafricain.
Jonas fait partie de ces jeunes attirés par l’argent. Il avait rempli toutes les formalités pour s’engager et avait même acquis son passeport, avant de renoncer sur le conseil de ses amis.
« Ils nous demandent de payer d’abord. Certains qui ont payé n’ont pas pu partir, d’autres ont réussi. Mais, dans tous les cas, même si tu ne parviens pas à partir, tu dois payer l’argent ayant permis de te délivrer le passeport. Moi, eu égard à tout ça, je me suis désisté« , confesse-t-il.
Une somme modique pour aller combattre
Plusieurs sources, y compris militaires, ont indiqué que de plus en plus de jeunes centrafricains décident de s’engager pour partir sur le front russe, mais il est impossible d’obtenir des chiffres fiables.
Interrogés, ces jeunes Centrafricains portent toutefois un regard critique sur la question. « Les Centrafricains qui souhaitent combattre en faveur de la Russie, même s’ils trouvent la mort, cela n’engage qu’eux« , estime notamment un jeume de Bangui sous couvert d’anonymat.
Entre la précarité et le désespoir, certains jeunes Centrafricains sont toutefois prêts à tout pour améliorer leur vie. Face à cela, la société civile s’inquiète d’une possible nouvelle vague de recrutement, alors que la Russie chercherait à normaliser, et donc à officialiser, le circuit d’enrôlement de combattants africains.







