Dans un communiqué rendu public le 18 mars 2025, le ministre gabonais des Comptes publics et de la dette, Charles Mba annonce avoir procédé à l’apurement de toutes les échéances dues à la Banque mondiale. Montant total de l’ardoise réglée : 17,9 milliards de Fcfa. Pour le membre du gouvernement, « cette action forte visant à alléger les engagements du pays à l’égard des bailleurs de fonds, en allégeant le lourd fardeau de la dette hérité de la gestion antérieure au 30 août 2023, s’inscrit dans la volonté du président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguema de restaurer et de renforcer la confiance et la coopération avec la communauté financière internationale engagée dans le financement et le développement de notre pays ».

Notons que la Banque mondiale, l’un des principaux créanciers multilatéraux de la majorité des pays de la Cemac, a suspendu le 3 juillet 2024, ses décaissements en faveur du Gabon, « en raison des échéances impayées ». En réaction à cette mesure de l’institution de Bretton Woods, le gouvernement gabonais a réitéré sa ferme volonté à honorer tous ses engagements , en payant régulièrement les échéances dues aux créanciers. C’est ainsi qu’en janvier 2025, le Gabon a relancé les discussions avec la Banque mondiale. « A l’issue des échanges, la délégation de la Banque mondiale a réaffirmé sa confiance dans la capacité du Gabon à régulariser ses paiements d’arriérés, soulignant ainsi l’importance de poursuivre cette coopération économique de manière accélérée », apprenait-on au terme d’une rencontre entre les autorités gabonaises et Aissatou Diallo, représentante résidente de la Banque mondiale à Libreville.
Pour rappel, l’Etat gabonais annoncé avoir apuré sa dette due à la Banque mondiale un jour après que le président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguema a reçu une délégation de la Banque mondiale conduite par Cheick Fantamady Kanté, directeur des opérations de cette institution bancaire pour les pays de la Cemac. C’était sans doute l’occasion pour le président de la Transition de peaufiner les négociations entamées avec le bailleur de fonds il y a plusieurs mois. Pour l’heure, la Banque mondiale n’a pas officiellement levé sa suspension mais tout porte à croire qu’elle le fera sous peu. La preuve, « la Banque mondiale entend ainsi contribuer à la matérialisation de cette vision à travers la mise en œuvre de grands projets structurants dans le cadre de la coopération avec le Gabon », a indiqué la présidence gabonaise à l’issue de l’audience accordée à l’émissaire de la Banque mondiale le 17 mars dernier.
Dans le détail, l’institution financière mondiale se positionne déjà pour financer le « e-Gabon » et le « Digital Gabon », deux projets spécialisés dans la digitalisation du système de santé visant l’amélioration de la prise en charge des patients et un meilleur suivi de la situation sanitaire du pays, ainsi que le développement du numérique. Par ailleurs, la Banque mondiale souhaite lancer un projet d’investissement en matière de construction des voiries urbaines et infrastructures de base dans 7 villes de l’arrière pays et entend également apporter son appui à la Société d’électricité et d’eau du Gabon (Seeg) en vue de l’amélioration en offre de l’énergie et d’eau potable sur le territoire gabonais. A noter qu’à fin novembre 2024, l’Etat gabonais revendiquait 1 210 milliards de Fcfa de sa dette. Selon les récents chiffres avancés par le président de la Transition en début mars 2025, la dette publique est estimée à 7 500 milliards de Fcfa.