Le torchon brûle entre l’Algérie et le Mali. Un développement qui offre une opportunité au Maroc d’effectuer son retour dans ce pays du Sahel. Nasser Bourita a rencontré, ce samedi à Marrakech, son homologue malien.
Le Maroc tente un rapprochement avec le Mali et le Niger. Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a rencontré ce samedi 22 décembre à Marrakech en marge de la réunion ministérielle de coordination sur l’initiative internationale du roi Mohammed VI pour favoriser l’accès des pays du Sahel à l’Atlantique, avec son homologue malien, Abdoulaye Diop.
Une initiative, pour rappel, lancée par le souverain, lors de son discours du 6 novembre. La présence de Diop à la rencontre est hautement symbolique, au regard des tensions ouvertes entre Alger et Bamako qui ont éclaté ces derniers jours.
Les conditions semblent favorables à Rabat pour un renforcement des relations avec ce pays sahélien. La France et l’Algérie, qui avaient écarté le royaume en 2014 du processus de réconciliation dans ce pays, ont perdu de leurs influences auprès des autorités qui dirigent Bamako depuis le coup d’Etat d’août 2020. Ainsi l’armée française, présente au Mali depuis l’Opération Serval, lancée en janvier 2013, a été contrainte par les militaires au pouvoir de quitter le pays en août 2022.
Pour mémoire, le 16 décembre 2014, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense pendant le quinquennat de François Hollande, avait refusé sur un ton peu diplomate d’accorder un rôle à Rabat dans la réconciliation au Mali. «Nous n’avons pas à avoir une discussion sur ce sujet avec tel ou tel. Il y a une médiation algérienne, nous l’appuyons», avait-il répondu
Mali et Algérie, au bord de la rupture
Quant aux relations entre Alger et Bamako, elles sont au bord de la rupture. En témoigne la convocation, le 20 décembre, de l’ambassadeur algérien par le chef de la diplomatie malienne pour protester contre «les rencontres récurrentes, aux niveaux les plus élevés en Algérie, et sans la moindre information ou implication des autorités maliennes, d’une part avec des personnes connues pour leur hostilité au gouvernement malien, et d’autre part avec certains mouvements signataires» de l’accord de 2015 et «ayant choisi le camp des terroristes».
Le département d’Abdoulaye Diop a affirmé que ces réunions «constituent une ingérence dans les affaires intérieures» de son pays. La convocation intervient au lendemain de l’audience que le président Abdelmadjid Tebboune a accordée à l’imam Mahmoud Dicko.
Les relations entre l’influent religieux et les militaires sont tendues. Il avait exprimé son désaccord avec le projet de constitution qui consacre le principe de laïcité de l’Etat, adopté par 97% des voix, lors du referendum du 18 juin 2023. Dicko avait également dénoncé le report des élections présidentielles, qui étaient prévues en février 2024. L’Algérie a répondu à la convocation de son ambassadeur à Bamako par une mesure similaire.
Il y a deux semaines, Radio Algérie a accusé, sur la base de confidences de «sources proches du dossier», les Emirats arabes unis et le Maroc «de créer un climat de tension entre l’Algérie et les pays du Sahel», notamment «le Mali et le Niger afin de vendre l’idée que c’est l’Algérie, qui finance la déstabilisation de ces deux pays frères». Le roi Mohammed VI avait effectué, en 2013 et 2014, deux visites au Mali.|