Le Cameroun table sur une production de 20,7 millions de barils de pétrole brut en 2025 contre environ 22,9 millions de barils en 2024. Ces projections sont contenues dans le « Rapport sur la situation et les perspectives économiques, sociales, et financières de la nation ». Cette production serait en baisse de 2,2 millions de barils (-9,6%) en glissement annuel. Sans faire de précisions sur le volume de production, la loi de finances 2025 promulguée en décembre dernier, avait déjà prévu une baisse d’activité dans le secteur pétrolier camerounais caractérisée par une contribution négative de -1% au Produit intérieur brut (PIB) par rapport à une estimation de -2,6% du PIB un an plus tôt.
Le rapport de politique monétaire d’octobre 2024 de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) rappelle que le Cameroun est le petit poucet de la zone Cemac en matière de production pétrolière en 2022. Sur une production globale estimée à 39,5 millions de tonnes, le pays n’a contribué qu’à hauteur de 8,9% contre 13,7% pour la Guinée équatoriale, le Congo (34,4%), le Gabon (26,3%) et le Tchad 17,7%. La Banque commune à ces 06 Etats de la Cemac, attribue la chute de la production pétrolière à la maturation des champs pétroliers ayant atteint leur pic de production ainsi que des problèmes techniques et logistiques liés notamment au vieillissement des infrastructures.
Cette analyse est renchérie par des experts camerounais pour qui, les puits sont en train de tarir et les champs vieillissants. « La baisse de la production est constante. Ça veut tout simplement dire qu’on n’arrive pas (encore) à remplacer nos réserves en pétrole. Dans notre industrie pétrolière, il y a un ratio production-découverte pour pouvoir balancer les réserves. Quand les réserves ne sont pas remplies, les gisements (champs pétroliers) tarissent. Et quand les champs pétroliers tarissent, cela entraine automatiquement la baisse de la production parce que, entretemps, il n’y a pas de nouveaux champs qui sont mis en en production pour palier la situation », explique Bareja Youmssi, expert en mines et pétrole, enseignant-chercheur rattaché à l’Ecole Polytechnique de Bamenda dans le Nord-Ouest du pays.
Selon les statistiques de la Société nationale des hydrocarbures (SNH), les réserves d’hydrocarbures étaient estimées à 309,97 millions de barils en 2020. Or pour l’expert contacté par EcoMatin, le pays manque d’une politique d’enfouissement des réserves. Car, argumente-t-il, les réserves s’amincissent au fil des années. « Quand on regarde sur le temps, ces réserves ne nous suffisent que pour 10 ans. Si entre-temps il n’y a pas de nouvelles découvertes, de nouveaux développements de champs pétroliers, le pays d’ici 2035, sera non producteur de pétrole », s’inquiète l’expert minier.
Pour lui, il incombe dès lors de sélectionner de nouveaux opérateurs en plus des grands producteurs que sont notamment le franco-britannique Perenco qui exerce dans la zone Douala-Campo-Kribi et le chinois Adax Petroleum dans le bassin du Rio Del Rey. Toutefois, les potentielles entreprises devraient disposer des moyens financiers et techniques conséquents pour accroitre les réserves et mettre en production de nouveaux champs pétroliers.
D’après les perspectives le gouvernement camerounais, la production pétrolière devrait poursuivre sa tendance baissière jusqu’en 2026 où elle s’établirait à 20,8 millions de barils, avant de remonter à 22,1 millions de barils en 2027 contre 26,556 millions de barils en 2020. Avec la baisse annoncée du prix du baril de pétrole sur le marché international, les recettes pétrolières prendraient également un coup. La loi de finances rectificative prévoit par exemple, des recettes pétrolières de l’ordre de 734,8 milliards de Fcfa en 2025, en baisse de 66,8 milliards de Fcfa (-8,3%) comparé à 2024.