À l’Est de la République démocratique du Congo, la promesse de gratuité scolaire, en vigueur depuis 2019, vacille sous la pression du conflit armé et de nouvelles mesures locales. Dans plusieurs zones sous contrôle rebelle, les parents d’élèves sont désormais contraints de payer des frais de scolarité, une décision qui suscite colère et inquiétude.
Une décision controversée
Un arrêté publié le 30 août 2025 à Goma prévoit que des frais seront perçus dès cette rentrée dans les écoles primaires publiques. Selon le texte, ces contributions doivent servir au fonctionnement des établissements, à l’appui social des enseignants et aux bureaux de gestion.
Pour Claude Ndaghala, père de trois enfants, la nouvelle est un coup dur. Après avoir fui Mambasa, dans le sud du territoire de Lubero, lors de l’avancée du M23, il était récemment revenu pour y inscrire ses enfants. Mais à l’annonce de cette mesure, il a décidé de repartir à Butembo, à 50 kilomètres de là, dans l’espoir d’y retrouver la gratuité. « Nous avons tout perdu pendant la guerre. Il nous sera impossible de payer ces frais », confie-t-il.
Un risque massif d’abandon scolaire
Dans le sud du territoire de Lubero, de nombreuses écoles avaient déjà fermé l’an dernier en raison de l’offensive du M23. Pour Faustin Kambere, représentant de la société civile, la situation est alarmante : « Les parents se disent discriminés par cet arrêté, frustrés car ils n’ont pas les moyens. On risque d’assister à des abandons massifs d’élèves dans les écoles primaires ».
Les autorités partagent cette inquiétude. Le ministre de l’Intérieur, Jacquemin Shabani, a dénoncé le 2 septembre une décision contraire à la politique nationale de gratuité : « Nos enfants dans les territoires occupés ne bénéficient pas de la gratuité, ce qui aura un impact considérable sur le système éducatif national ».
La gratuité, un acquis menacé
La gratuité de l’enseignement primaire, instaurée en RDC en 2019, visait à lever les barrières financières pour des millions d’enfants. Mais dans les zones en proie aux violences armées, l’application de cette mesure reste compromise.
La ministre de l’Éducation nationale a réaffirmé, dans un communiqué du 3 septembre, que l’exigence de frais dans les écoles primaires publiques constitue une « rançon illégale et inconstitutionnelle ». Reste que, pour les familles vivant sous occupation rebelle, la réalité du terrain menace de réduire à néant cet acquis social majeur.








