Après avoir remporté un procès contre Charles Ble Goudé, le défenseur des causes africaines et éveilleur des consciences vient de mettre à genoux le régime français d’Emmanuel Macron sur l’obtention de son passeport.
Tout a commencé dans un live publié sur son compte YouTube, où Franklin Nyamsi, professeur de philosophie dans les universités françaises, dit être menacé par une déchéance de sa nationalité française. “Sans le moindre motif valable, je voudrais informer la communauté française de la persécution que je subis en France de la part du régime Macron », s’est indigné le concerné en plantant le décor. À ce propos, l’enseignant de philosophie n’a pas manqué de dénoncer la main invisible du président ivoirien, Alassane Ouattara qui avait demandé à son homologue français, Emmanuel Macron, qu’après l’avoir privé d’enseignements Franklin Nyamsi soit formellement déchu de sa nationalité française.
Célèbre par ses chroniques au vitriol, au sujet de l’impérialisme français en Afrique, Franklin Nyamsi, brille par de récurrentes sorties incendiaires et son soutien affiché, aux différentes têtes couronnées aux affaires à Bamako, Ouagadougou et Niamey. Toutes choses qui ne lui valent pas toujours que des amis dans les arcanes du pouvoir français. Résultat, le président français, Emmanuel Macron, lui fait subir une avalanche de persécutions depuis de longs mois. Le clou aura été sa suspension en décembre 2022 en sa qualité de Professeur d’université à cause de ses opinions politiques, économiques et sociales sur la politique française en Afrique.
Persécutions à outrance
Originaire du Cameroun, Franklin Nyamsi, qui enseigne l’histoire de la philosophie anglaise à l’Université de Rouen, et dispense également des cours de philosophie au lycée Val-de-Seine du Grand-Quevilly, ne cesse depuis plusieurs années, de dénoncer « la mafia des élites françaises et africaines corrompues ». Pour cela, à travers le continent, il donne des conférences sur l’actualité au Mali, au Burkina, au Niger et partout ailleurs sur le continent, pour réveiller les consciences en vue d’un sursaut panafricaniste pour la cause commune.
À travers ses écrits, près d’une vingtaine d’ouvrages publiés, mais surtout sur les réseaux sociaux où Franklin Nyamsi bénéficie d’une forte audience, il est suivi par 157 000 followers sur Twitter et 230 000 internautes sont abonnés à sa chaîne YouTube. Il se qualifie d’ailleurs dans sa biographie Twitter d’influenceur sur les médias sociaux mais aussi de citoyen du monde, défenseur des opprimés, persécuté par la Françafrique. Professeur agrégé de philosophie, Franklin Nyamsi, en poste au sein de l’Académie de Normandie, a en effet été suspendu de ses fonctions pendant trois mois (mars à juin 2023) par l’Éducation Nationale.
Dérive autoritaire brutale
Pourtant, rappelle-t-il « sous les Présidents Chirac, Sarkozy et Hollande, je n’ai jamais été convoqué ni sommé de me taire en raison de mes opinions critiques envers la politique africaine de la France ». Mais aujourd’hui, « le ministre de l’Education nationale (Pap Ndiaye) me reproche explicitement mes critiques de la politique africaine de la France. Et j’ai été l’objet de nombreuses convocations disciplinaires depuis mai 2021 pour les mêmes raisons alléguées ».
D’après l’enseignant c’est depuis mai 2021 que cela lui arrive. « Ce qui veut dire qu’il y a une dérive autoritaire incarnée par le gouvernement du Président Macron (…) Il est hors de question que je renonce à être ce que je suis, simplement sur injonction d’un pouvoir en pleine dérive brutale contre les libertés d’abord du peuple français et, c’est une tradition, contre la liberté des Africains. »
Sanction illégale
Le professeur de l’université de Rouen va alors engager une procédure en référé devant le tribunal administratif de Rouen afin de faire annuler la suspension du ministère de l’Éducation Nationale dont il est victime. Lors de l’audience qui s’est tenue le 3 mai 2023, Me Abubekr Njifoutahouo Wouochawouo, l’un des trois avocats de Franklin Nyamsi, a plaidé l’illégalité de la sanction que lui a infligée le ministre « macronien » de l’Education nationale contre l’avis du conseil de discipline et de ses pairs enseignants de l’université de Rouen.
Selon ce dernier, les prises de position politiques reprochées à son client, des critiques de la politique africaine menée par la France, n’ont pas été émises dans le cadre de ses fonctions d’enseignant. Il a insisté sur la persécution politique dont est victime son client sous la présidence d’Emmanuel Macron. « Les gens se méprennent sur la nature de ses combats, l’administration essaie par tous les moyens de le faire taire. » Poursuivant son acharnement et sa persécution, le gouvernement français l’oppresse sans cesse et n’a pas hésité à procéder à la fermeture de ses trois comptes bancaires à l’effet de le punir de son zèle panafricaniste.
Soutien syndical et victoire
Le professeur de philosophie, pour s’en sortir, a alors bénéficié du soutien de l’intersyndicale, qui dans un communiqué publié le 7 avril 2023, s’est dit « fermement opposé à toute sanction visant ce collègue », tout en alertant sur « l’extension démesurée que le Ministère de l’Éducation Nationale entend donner au « devoir de réserve. »
Dans la même veine, le régime français va continuer de mettre la pression sur l’enseignant en lui privant sans raison de passeport, lui qui devait assister aux obsèques de son frère cadet décédé. Mais, pliant sans rompre, Franklin Nyamsi qui a saisi la justice remportera une première victoire judiciaire contre les autorités françaises. L’universitaire Franco-camerounais va enfin obtenir la délivrance de son passeport qui était bloqué depuis plusieurs mois sans motif valable.
Le Collectif d’avocats du Dr Franklin Nyamsi dirigé par Me Njifoutahouo Wouochawo Abubekr, qui a pris sa défense sans contrepartie financière, remporte une victoire contre l’injustice du régime au pouvoir en France en obtenant la délivrance du passeport de l’intellectuel panafricaniste, bloqué qu’il était depuis plus de quatre mois sans motif valable.
Privé de son passeport, l’universitaire n’avait pas pu rentrer au Cameroun pour assister aux funérailles de son jeune frère décédé. Il n’avait cessé de dénoncer un abus de pouvoir visant à réduire au silence dans sa lutte contre la politique de la France en Afrique.
Prosper AKPOVI